/ utopies gravitaires

Photos A.R.N

Laboratoire Topographique

Massif du Dévoluy/ / AURA  /Nov 2019

Durée: 2 jours

Corps participatif

/ Aventures perceptives / Paysages / in situ / maintenant

Bivouac est un stage, un laboratoire, une expédition artistique. Il utilise un corpus d'expériences perceptives, somatiques ou chorégraphiques pour jouer à observer nos relations (extra)quotidiennes  au paysage.

BIVOUAC #4


Ce quatrième Bivouac -hivernal - a eu lieu  dans le massif du Dévoluy. Un Bivouac lié à la neige, au froid et à la brume. Des surprises épiques, une nuit en voiture à 200m d’altitude, 1 mètre de neige nous empêchant toute progression, des rencontres totémiques, des brumes géométriques, des corps chionophiles, un monolithe mou, , le cyclope-neige, , un repas tempête, des cartographies minérales, des interstices vertigineux, , de doux monochromes, des sculptures gravitaires, une chromatologie d’altitude, des horizons singulières

Postbivouac

Vanina Charpenay

Vaporeuse perception / La nuit est tombée. J’observe la montagne perchée. Je regarde devant moi. Déployer ce corps froissé, La surface compacte molle et humide s’étale devant moi. Je ressens le temps s’étirer. Il trace le chemin. Le passage étroit dévoile son ombre. Parfois, je le confonds avec cette masse immaculée. Déplacer ce volume, oui, mais comment? Ramper, tomber, tout laisser derrière moi Je ne vois plus la montagne perchée  Je regarde le sol, devant, derrière, en haut en bas: immobilité. Ne plus avancer.  Le sol m’engloutit Le temps s’allonge, il m’avale et s’engouffre en moi. Il trace toujours le chemin, plus de passage. Son ombre devient inexistante. Avancer encore mais comment? Ma carapace devient dure, ramper, tomber, tout laisser derrière moi et rêver d’une cabane sans forme ni nom.

Eric Cordier

Snow-board sans board /  Tête en bas sur le dos, démarrage en actionnant les pieds comme pour marcher. / Tête en bas, latéral sur le côté du corps, bras écartés pour regarder le rayon de soleil couchant qui irradie les sommets : Atmosphère rose baignant la neige. / Départ semi oblique – semi tête en en bas. Arrêt par frottement dans la tôle ondulée cassante du bord de piste. / Glisse comme en parachute, où l’on ouvre les bras pour attraper le pied ou le bras de l’autre en contrôlant sa vitesse. / Essai d’une synchronisation en tenant un bout de son partenaire et émergence inévitable d’une figure ultra-chaotique. / Sous la tempête des canons à neige avec une odeur piquante, glisse sur la croûte fragile qui a gelé la nuit dernière. Démarrage difficile, cette croûte n’est pas lisse mais très rugueuse, la pente finie par nous entraîner. Arrêt par explosion de cette banquise fragile en arrivant sur ses frontières érodée par le soleil. Je recommence plusieurs fois, il est possible de remonter la pente en marchant doucement sur la carapace de glace sans passer à travers. / Glisse latérale avec le caméscope pour réaliser un travelling. / Sur le dos, jambes en V vers le bas glissade en se concentrant sur défilement du ciel. Perte de contrôle et roulade latéral. / Arrêt imminent avant d’avoir percuté de plein fouet le précédent glisseur. / Roulade arrière pour s’élancer et arrêt en forme de poireau parce que quelqu’un s’est retrouvé sur la trajectoire / Sur le dos, sac à dos sur le ventre glisse rapide avec un poids plus important. Perte de contrôle, la bouteille d’eau s’expulse du sac avec une vitesse double de la mienne. Je met plusieurs secondes à la rejoindre : un temps énorme !